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Rezofleuve

L’ADNe digestif pour décrypter la diversité, structure et résilience des écosystèmes aquatiques des grands fleuves de Guyane.

Collaborations : Hydreco-Guyane (Régis Vigouroux, Hadrien Lalague), Jean-Marc Roussel, Gilles Lassalle (INRAE DECOD), Pierre-Yves Le Bail, Raphaël Covain (Museum of Geneve)

Contexte

Les écosystèmes néo-tropicaux d’eau douce concentrent une biodiversité piscicole exceptionnelle. Ils sont le support de services écosystémiques essentiels comme la régulation du climat, l’approvisionnement en eau et en nourriture, ainsi que le recyclage des nutriments. Décrypter les interactions trophiques et le rôle fonctionnel des espèces dans ces systèmes hyperdiversifiés est un véritable défi. Les données issues d’observations comportementales, d’analyse de contenus stomacaux ou isotopiques permettent d’identifier des catégories trophiques assez grossières , mais ne sont pas assez précises taxonomiquement pour rendre compte de la complexité des comportements alimentaires et de la diversité des proies utilisées, qui sont en partie d’origine terrestre

Afin de mieux comprendre et protéger le fonctionnement des communautés aquatiques des grands fleuves de Guyane dans un contexte d’augmentation de pressions anthropiques (pollution, déforestation des ripisylve, surpêche), le programme scientifique « REZOFLEUVE » vise à établir un référentiel trophique d’une cinquantaine d’espèces de poissons et macro-invertébrés fréquemment rencontrés dans ces écosystèmes. Cette étude sur deux grands fleuves (Approuague et Maroni) propose de combiner l’analyse d’isotopes stables pour identifier les voies d’assimilation et de transfert des ressources alimentaires, et de metabarcoding ADN pour caractériser plus finement la diversité des proies et le partitionnement de niches des espèces.

Objectif

Cette étude, qui prévoit l’encadrement d’une thèse (CIFRE) en 2023, a plusieurs objectifs :

  • Utiliser les données de métabarcoding (ARNm 18S) et isotopiques pour questionner la pertinence les groupements trophiques actuels basés sur les opinions d’experts (parfois discordants) à partir de données comportementales ou morphologiques (ex. pièces buccales), analyser la répartition des abondances et biomasses dans les guildes trophiques pour déterminer si l’extinction d’espèces rares peut conduire à une perte de fonctions écologiques importantes (Colares et al., 2022).
  • Caractériser avec une haute précision, la diversité de proies et prédateurs des espèces en développant une approche de métabarcoding alimentaire multi-marqueurs, reconstruire des réseaux trophiques et évaluer le niveau d’importance de chaque espèce via le calcul de descripteurs (ex: indicateur de centralité). Ces données permettront d’identifier les ressources importantes de chaque espèce (notamment des espèces d’intérêts halieutiques) afin de mieux comprendre leur dynamique spatiale et temporelle (suivi DCE). Un des enjeux sera de caractériser le niveau de dépendance des poissons aux ressources d’origine terrestre, afin d’évaluer leur niveau de résilience à la déforestation de la ripisylve. 
  • Analyser les patrons et variations intra et interspécifique de niches alimentaires des poissons et étudier les mécanismes de partionnement de niches en croisant les données de régime alimentaire avec les données biologiques, écologiques et phylogénétiques. Nous testerons notamment l’hypothèse d’un conservatisme phylogénétique des niches tel qu’il est observé chez d’autres communautés aquatiques hyperdiversifiés comme les poissons coralliens